20/03/2008

Morano : ministre d'ouverture à l'homoparentalité ?

Nadine Morano, députée de Meurthe-et-Moselle, vient d’être nommée secrétaire d’Etat à la famille.

Evidemment, on peut avoir (beaucoup) de mal avec le côté castafioro-populo-vulgairo-porte-flingue de cette fervente sarkozyste dont certaines déclarations, attitudes ou méthodes sont apparues franchement détestables ici, ici ou ici.


Sur la forme, on peut d’ailleurs s’étonner de cette nomination dont le style vient renforcer le Sarkozy-casse-toi-pauv’-con que les Français n’ont guère apprécié.

Sur le fond, on peut aussi s’interroger sur le fait de nommer au Gouvernement quelqu’un qui vient de perdre une bataille municipale (et dans les grandes largeurs, car elle n’arrive que troisième à Toul) alors qu’il avait été demandé aux perdants des législatives de bien vouloir en partir.

N’empêche, ne peut-on aussi se réjouir de la voir nommée à ce poste au regard de ses déclarations répétées sur l’homoparentalité ?

Car Nadine Morano, loin d’être Christine Boutin, s’est ouvertement déclarée en faveur…

  • Du mariage gay
  • De l’adoption par les couples de même sexe
  • De l’adoption simple par le parent social (quand l’autre est biologique of course)
  • De l’insémination artificielle pour les lesbiennes
  • De l’extension du congé paternité aux femmes dont la compagne vient d’accoucher

Et tout ça, en prenant les choses à mon sens par le bon bout à savoir l’intérêt de l’enfant. « Bon » parce que c’est évidemment ce qui compte de façon suprême. « Bon » aussi sur le plan stratégique pour faire avancer le droit des homos (le divorce doit ainsi beaucoup à la prise en considération des intérêts des enfants issus de couples illégitimes)

Quelques déclarations en vrac :

« Ma famille idéale, c'est un père, une mère, la robe blanche. Mais la réalité est autre: familles recomposées, monoparentales, homoparentales. Lorsqu'on est élu, il faut regarder les choses en face. Ces enfants existent, pourquoi auraient-ils moins de droits que les autres ?» (L'Express, 23 juin 2006)

« Il y a une réalité. On peut se la cacher, la nier, dire que "ça n'existe pas". Qu'il n'y a pas de couples homosexuels qui ont des enfants, qu'il n'y a pas d'hommes et de femmes homosexuels qui s'arrangent ensemble par insémination artisanale pour avoir un enfant, qu'il n'y a pas de lesbiennes qui vont en Belgique se faire inséminer. Soit on ferme les yeux, soit on décide de regarder la réalité en face. Ces enfants doivent avoir le même niveau de sécurité que les autres. Il faut faire évoluer la législation.
(…)
Si vous prenez le cas d'une mère biologique qui décède, sa compagne n'a pas de statut vis-à-vis de l'enfant. Si les grands parents veulent lui retirer l'enfant qu'elle a elle aussi élevé, ils le peuvent. Où est l'intérêt de l'enfant ? Pourra-t-elle continuer à le chercher à l'école, à lui donner de l'affection, sans statut légal"

« Pourquoi faut-il que nos concitoyennes s'expatrient, comme certaines auparavant pour l'IVG, ou d'autres pour l'aide à mourir. Il n'est pas normal qu'une femme qui, de toute façon, se fera inséminer à l'étranger, s'exile ainsi. On ne peut pas interdire le désir de maternité. Au nom de l'égalité, il faut les laisser avoir accès à la PMA en France.» (Libération, 28 octobre 2006, article que l'on retrouve Ici)

« En matière d'adoption, un couple mère-père a bien droit aux congés de maternité et de paternité. Pourtant ce n'est pas leur enfant. Il faut des droits égaux pour tout le monde et donc transformer la loi en mettant congé de "parentalité" à la place de "paternité" » (LCI, 24 janvier 2006)

Donc, y a de l’espoir ???

Oui, sauf que son patron, lui, n’a cessé de répété qu’ « une famille, c'est un père, une mère et un enfant. »

Sauf que Morano appartient à une majorité dans les rangs de laquelle il s’est tout de même trouvé 289 parlementaires pour suivre le député Jean-Marc Nesme et signer en janvier 2006 son manifeste «pour la défense du droit fondamental de l'enfant d'être accueilli et de s'épanouir dans une famille composée d'un père et d'une mère» (faudrait vérifier combien ont été réélus en 2007 mais enfin, ça donne le ton).

Sauf, finalement et comme elle le dit elle-même relancée sur RTL hier matin sur la question de l’adoption :

« C'est ma position, clairement prise quand j'étais membre de la commission sur la famille et les droits de l'enfant, mais en tant que ministre de la Nation j'ai à appliquer un projet présidentiel d'abord et je m'y tiendrai.»

Quoi qu’il en soit et si elle pouvait grouiller sur le congé « parentalité », ce serait vraiment pas de refus !

19/03/2008

Les Femmes aussi (Saison 2 ?)

Quand j'étais petite (déjà hyperactive et obsessionnelle mais aussi colérique à tendance boudeuse), ma Mère m'a dit un jour qu'il était plus facile de faire la tête que de la défaire.
Comment revenir ensuite sur le silence que l'on a délibérément instauré ? Que dire ? Sur quel ton ?... souvent c'est la fuite en avant.
J'ai trouvé ça tellement vrai qu'ensuite j'ai toujours soigneusement évité de (trop) me mettre dans cette délicate situation.

Mon dernier billet sur ce blog date de.... pfff.... l'année dernière.
Et ça me fait un peu comme si j'avais fait la gueule. Alors que pas du tout hein ! Plein de choses à vivre, à écouter, à laisser faire... et pas trop envie de parler, c'est tout. A commencer par notre petit(e ?) Calez Junior qui va maintenant (très) bientôt se pointer.
J'ignore si cette imminence y est pour quelque chose mais du coup, depuis quelques temps j'ai à nouveau envie de poster... Sans savoir par quel bout m'y remettre (et si je vais avoir le temps de continuer !)...

Alors pourquoi ne pas reprendre là, maintenant.
4 heures du mat'. Insomnie. Lecture. Verre de lait. Canapé. Télévision. Et découverte sur France 5 de l'émission Les Femmes... aussi. Une série de documentaires datant des années 60. Témoignages de vies ordinaires de femmes françaises. Le travail, la famille, la sexualité, le divorce... pendant ces toutes dernières heures avant leur "libération" qui affleure déjà comme une souffrance larvée, sous la rigidité du cadre domestique et la soumission légale à leurs maris.

Ce travail est réalisé et produit par Eliane Victor et j'aime vraiment la démarche équilibrée de cette femme accusée par les féministes de l'époque de ne pas aller assez loin et par les autres de dépasser les bornes.
Le quotidien de ces femmes, souvent émouvant, violent même pour la femme que je suis quelques petites décennies plus tard, raconte une histoire de notre pays qui, pour n'être ni celle des dominants ni celle des glorieux exploits ou des grandes atrocités exprime peut-être encore mieux ce dont nous venons.
Au moment où, face aux hommages rendus à Lazare Ponticelli, dernier des poilus, je trouve au passage fort dommage que l'on ne dise pas un mot de toutes leurs veuves, toujours en vie...

Invitée à réagir à ces portraits, Françoise Forette, professeur de médecine, ressent ces femmes d'alors comme "moralement voilées". Et fait le parallèle avec à toutes celles qu'elle est amenée à croiser lors de conférences qu'elle dispense en Turquie, en Afrique ou au Moyen-Orient et qui, elles, se trouvent physiquement voilées.
(Digression) Ce sujet du voile m'est toujours apparu éminemment délicat. Comme s'il existait 2 voiles en fait.
Un article allemand lu récemment dans Courrier International (n° 905) s'interroge d'ailleurs sur ce foulard qui, en Turquie, semble être paradoxalement devenu un symbole d'émancipation pour les femmes musulmanes.
Loin de renvoyer à leur claustration dans l'espace privé, le voile apparaît en effet pour certaines d'entre elles comme une démarche individuelle et sciemment choisie, symbole d'une modernité qui leur permet, au contraire, de s'imposer dans l'espace public.
Soit.
N'empêche qu'on ne peut s'empêcher de penser que porter le voile, c'est tout de même aller vers l'enfermement...

31/01/2008

synesthésie XI : Sarkozy (get nervous)


N. Sarkozy à 41% (sondage TNS-Sofres).
Anxiety (get nervous) - Pat Benatar.

25/01/2008

I kissed a girl... and here comes a baby!

Chers amis lectrices(-eurs),
Désolée de ce silence, mais la grossesse de Lez prend de l'énergie, de la place (je soulignerais que les rondeurs maternelles ne manquent pas de beauté) et du temps (encore deux bons mois).
Donc, ce blog n'est pas mort, juste au point (mort).

En attendant de plus amples posts, voici un titre sympa, I kissed a girl. Jill Sobule, la chanteuse, cherche actuellement des fonds pour financer son nouvel album (par ici, si l'aventure vous tente).

05/12/2007

Pearl's a singer

Toujours menée par mon amour des voix féminines cassées ou voilées, j'ai découvert il y a peu Elkie Brooks, dont le beau timbre rappelle assez celui de Rod Stewart. Pour le plaisir une vraie perle (ah! ah!), ce single extrait de l'album Pearls qui, en 1981, a conquis les charts et a propulsée Elkie au rang de star (un peu trop variet' guimauve parfois, mais bon, c'est la rançon de la gloire).

04/12/2007

Curieux insert

Fin du journal de 20h hier soir. Nicolas Canteloup est l’invité de Françoise Laborde.
Comme le réclame implicitement l’exercice, l'interview est émaillée d’imitations : Royal, Bayrou, Douste, Juppé, Villepin, Sarkozy…

Tout à coup Cal s’empare de la télécommande, met en pause (on était déjà en différé… grandes adeptes du contrôle du direct) et me fait remarquer l’insert en arrière plan : une photo de notre cher Président opportunément apparue au moment précis où l’on parle de lui. Un brin condescendant, Sarko a l’air d’observer le plateau en se marrant aux bons mots de Canteloup…

Cette incrustation était-elle vraiment nécessaire alors que les autres personnalités imitées n’ont pas fait l'objet de ce traitement ? Entre culte de la personnalité et image subliminale appuyée… ça nous a laissé un curieux sentiment de malaise (un de plus).

En tous cas, visiblement pas dupe du traitement médiatique dont bénéficie Nicolas Sarkozy, Canteloup (imitation à l’appui) conclut fort à propos en gratifiant Laborde d’un 12 sur 20… pour l'avoir cité 12 fois au cours du journal !

03/12/2007

A ne pas louper

Cal me demande de faire un post musical "pour changer".
Pas de problème ma Chérie, je peux le faire ;-)

Voici donc une version remasterisée mais authentique datant de 1982, d'un tube qui, en 1963 éclipsa pendant plusieurs semaines the King himself dans les charts.
J'ai nommé.... Dominique... by the famous... Singing None alias Soeur Sourire (de son vrai nom Jeannine Deckers). Un collector ! (Perso le plan à 2'13 me fait mourir de rire !!!)


(Merci mon cher M.)

Bon, allez, parce que vous allez me maudire de l'avoir toute la journée dans la tête... je me rattrape tout de suite en vous conseillant de vous précipiter ICI.
A l'occasion de son émission C'était hier qui, chaque semaine sur France Musique, exhume des trésors d'enregistrement de l'INA, Alain Pâris nous offre un véritable bijou de près de deux heures. Ravel, Schumann, Stravinsky, Weber et Chopin... Deux rencontres du couple mythique Martha Argerich (ben oui, toujours) / Charles Dutoit datant de 1974 et 1999... Historique et magnifique (et un bis exceptionnel).

NB : c'est en streaming donc ça va disparaître... sauf qu'avec par ex la V 11 gratos de Realplayer, vous pouvez l'enregistrer... quand y aura plus de téléchargement, y en aura encore ;-)
Bah sinon... il vous restera toujours Soeur Sourire.


01/12/2007

Pas de crise sociale ??!!

« Ce qui s'est passé à Villiers-le-Bel n'a rien à voir avec une crise sociale, ça a tout à voir avec la voyoucratie.»
Nicolas Sarkozy, 29 novembre 2007

Ce matin sur France Inter, Laurent MUCCHIELLI sociologue, directeur de recherches au CNRS, directeur du CESDIP (Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales) revient pourtant sur quelques vérités essentielles :

Les recherches sur les émeutes (en France, aux USA, en Angleterre, etc.) montrent toutes 2 choses, rappelle-t-il :
1. Il ne s'agit pas d'une activité de délinquant. Comme cela d'ailleurs été constaté pour les événements de 2005 par les sociologues mais aussi les magistrats ou encore les RG au Ministère de l'Intérieur lui-même...
2. Ces émeutes ne sont pas le fait d'une minorité violante qui prendrait en otage tout un quartier. En réalité (hors microtrottoirs bien vidéogéniques), la majorité de la population de ces quartiers, si elle n'est certes pas solidaire de la forme de l'émeute est, dans le même temps, tout à fait solidaire des raisons de la colère des émeutiers.
(Une solidarité dont j'ajoute qu'elle peut même largement dépasser les frontières de ces quartiers...)

Le sociologue rappelle que 4 problèmes ressortent essentiellement des études menées dans ces quartiers (pour plus de détails, on se reportera par exemple aux rapports annuels de l'Observatoire des Zones Urbaines Sensibles, ici le dernier) :
1. la relation avec la police
2. la relation avec l'école, l'échec scolaire
3. le niveau du chômage
4. le regard dévalorisé que la société porte sur eux

CQFD

29/11/2007

Avec la "rétention de sûreté", la réalité de Sarkozy dépasse la fiction de Spielberg

USA. An 2054. Plus aucun crime n’est commis dans la capitale américaine. Tout le monde dort tranquille grâce à un système de prévention-détection-répression particulièrement efficace.
Au sein du Ministère de la Justice, la Précrime, une unité policière ultra-secrète, se charge en effet de prévenir les meurtres. C’est simple : des experts pré-cognitifs captent les signes précurseurs des violences homicides, adressent leurs visions à des ordinateurs qui les compilent et les transmettent à des agents chargés de l’arrestation des futurs-coupables avant même qu’ils commettent quoi que ce soit.

Jusqu’au jour où John Anderton (Tom Cruise) qui y travaille, découvre que le prochain coupable virtuel… c’est lui. Branle-bas de combat… Il devient clandestin, enquête… et apprend finalement qu'il peut arriver que les experts ne s'accordent pas tous sur les visions perçues. Dans ce cas là, un rapport minoritaire est rédigé...

On connaît tous Minority Report, l’excellent film de Spielberg adapté de la géniale nouvelle de Philip K. Dick.

Bouquin dit de science-fiction
Sauf que…


France. An 2007. 28 novembre. Le Ministre de la Justice présente au Conseil des ministres un projet de loi dont seront saisis
les députés le 18 décembre prochain. Un projet de loi qui prévoit la création, dans notre droit pénal, de la « rétention de sûreté »...
Tel que présenté par le garde des Sceaux : « Le premier objectif de ce projet de loi, élaboré conjointement avec le ministère chargé de la Santé, est de permettre de retenir dans des centres fermés les auteurs de crimes pédophiles condamnés à quinze ans de réclusion ou plus lorsqu’ils restent particulièrement dangereux et présentent un risque très élevé de récidive à l’issue de leur peine de prison ».
Cette mesure « pourra également être prononcée à l’égard des personnes qui se sont soustraites aux obligations (port du bracelet électronique, injonction de soins…) pouvant désormais être imposées aux détenus qui restent dangereux, après la fin de leur peine ».
La rétention de sûreté pourra être prononcée pour une durée d'un an, avec possibilité de renouvellement, par une juridiction spéciale, après avis d'une commission composée d’experts et de psychiatres chargés d’établir le degré de dangerosité de la personne.

On croit rêver tellement on change de dimension !!!
Aujourd’hui, les personnes qui sont emprisonnées le sont parce qu’elles sont suspectées d’avoir commis des crimes qui ont effectivement eut lieu ou parce qu’elles ont été jugées coupables et condamnées sur la base de faits réels. Eventuellement, la liberté des certaines personnes est aménagée et restreinte mais, toujours, dans le cadre de l’exécution de leurs peines…
Avec cette loi, il s’agit désormais d’emprisonner des personnes qui ont été jugées, condamnées et qui, une fois leur peine purgée (cad une fois leur dette à la société acquittée), sont suspectées de pouvoir, dans l’avenir, potentiellement, à nouveau commettre des crimes. Bref, emprisonner des personnes en fonction de prédispositions hypothétiques à commettre des infractions qui, au stade où la décision d’incarcération est prise, sont totalement VIRTUELLES !!

Qu’il s’agisse de s’attaquer aux pédophiles ne change rien à l’affaire. Ça pourrait même faire passer la pilule plus facilement à des Français à qui l’on présentera malhonnêtement à l’appui des faits divers atroces…
Le projet lui-même ne découle-t-il de l'affaire Enis, le petit garçon enlevé et violé en août 2007 à Roubaix (Nord) par un pédophile récidiviste ?

C’est donc cela, la justice de Sarkozy : un fait divers suffit à ce que l’on bouleverse les fondamentaux de notre droit.
Et demain ??? Pas besoin d’être extra-lucide pour deviner qu’à la moindre occasion il suffira d’ériger un crime particulier en cas exemplaire ou plus simplement de le présenter sous un jour particulièrement horrible (et tous les crimes sont odieux et atroces pour qui les subit) pour élargir la portée de cette « rétention de sûreté » à tous les meurtriers, terroristes, dealers, casseurs, incendiaires… potentiels.

Quand, en plus, on sait ce que pense notre Président de la génétique et des caractères innés… y aurait même moyen de s'y prendre très très tôt.

21/11/2007

Burning love

J'adore farfouiller sur Youtube. Aujourd'hui dans ma pêche, un king vintage.


12/11/2007

Mille petits bonheurs, une grande insatisfaction et un peu de douleur aussi

(ou comment Soeur Emmanuelle enfonce d'après moi Amélie Poulain)

Dans son dernier bouquin Mille et un bonheurs, voici ce que dit Soeur Emmanuelle (extraits tirés de La Vie, 08/11/07) :

" Sur fond de douleur et d'insatisfaction, il faut savoir apprécier et goûter les mille petits bonheurs très simples qui s'offrent dans le cours d'une journée, du matin au soir. Ils se présentent comme une éclaircie, comme des rayons de soleil perçant un ciel orageux. Ce sont des bonheurs à regarder comme le sourire d'un enfant, le visage d'une personne aimée, les branches du figuier qui ploient sous le poids des fruits mûrs; (…) des bonheurs à déguster comme la coupe de champagne et les profiteroles au chocolat qu'on m'a offertes le jour de mes quatre-vingt-dixhuit ans: des bonheurs à partager comme une conversation profonde. Une lecture agréable ou la rencontre d'un ami cher. (…) Je ne crois pas que nos mille petits bonheurs puissent totalement apaiser notre soif de bonheur, notre aspiration à une plénitude. Dans nos mille petits bonheurs, il manque toujours quelque chose. Rien n'est parfait sur terre. Nos mille petits bonheurs ont la fragilité des choses de ce monde. Nos mille petits bonheurs ne résistent pas à l'usure du temps. Nos mille petits bonheurs ne durent pas mais ils nous donnent la force d'affronter joyeusement les difficultés de l'existence. "

J'ai détesté La première gorgée de bière ou Amélie Poulain que je rapproche l'un de l'autre pour l'apologie que, précisément, ils font chacun à leur façon des petits bonheurs. J'ai vraiment profondément puissamment viscéralement détesté cette poésie des petites choses, cet épicurisme du petit bout de la lorgnette, au point d'être préemptoire, injuste et me délecter de la virulente diatribe de Kaganski qui portait le débat sur Amélie au niveau politique (ici).

Pourquoi tant de haine ?

Parce que (justement) je suis, je veux, j'essaie de toujours goûter ces mêmes bonheurs. Mais ce qui me gêne au point de me rendre dingue chez Delerm ou Amelie (Jeunet n'a pas fait que ça) c'est la cristallisation excessive que j'ai ressentie sur ces "petites" choses au point d'en évacuer le reste et en arriver à divertir l'homme de lui-même (en lui faisant croire le contraire en plus). La résignation, l'abdication presque. Le rétrécissement, le recroquevillement, la rabougratisation en tous cas (ouais, jsais, ça se dit pas).

Ce que j'ai lu des mille petits bonheurs de soeur Emmanuelle me va en revanche beaucoup mieux, car elle n'oublie pas de les replacer dans leur contexte, dans la vie. Elle n'oublie pas la douleur et l'insatisfaction. Sans condamner, culpabiliser ou victimiser. Elle n'oublie pas que notre condition humaine c'est aussi le fait que "dans ces mille petits bonheurs il manque toujours quelque chose". Et c'est très bien comme ça, car c'est cette soif inextinguible, produit d'une grande insatisfaction et d'un peu de douleur aussi, qui nous pousse à nous dépasser, changer, bousculer, nous révolter, inventer, construire, découvrir et bâtir des choses immensement plus grandes que nous.

08/11/2007

Pipolitisation

Hier matin, Libé titrait sur « le gang des potiches », alias le Gouvernement.
Rachida Dati en était bizarrement épargnée…
Ce qui m'a donné envie de revenir sur une anecdote hélas assez signifiante…
Dimanche soir dernier sur France 2 : ouverture du JT sur la triste affaire de l’Arche de Zoé. Olivier Galzi « profite de la présence » du Garde des sceaux pour lui demander son avis.
Deux phrases et aucune relance plus tard (Dati dit en substance : le Tchad est souverain / j’ai confiance en la justice : sic), le journaliste enchaîne avec un « Nous reviendrons tout à l’heure sur votre actualité ».
Le ptit tic journalistique me fait sourire. L’expression est d’habitude réservée aux chanteurs, comédiens… aux artistes qui viennent de sortir un album ou un film et en font la promotion.
Si « l’actualité » du Garde des sceaux n’est pas l’affaire de ressortissants français jugés à l’étranger, je m’attends logiquement à ce qu'on s'attaque au gros morceau de la réforme de la carte judiciaire.
Que nenni !
L’expression n’était pas impropre, la ministre de la justice est bien venue faire la promo de son bouquin, Je vous fais juges. Une autobiographie qu’elle a écrite parce quelle en avait (trop trop) marre des gens qui racontent (vraiment vraiment) n’importe quoi à son sujet et qu’elle a ressenti (très fort) le besoin se justifier....
L’introduction est suivie d’un petit reportage agiographique (témoignage poignant de la sœur, extrait valorisant d’une audition…).
Et hop, l’échange retrace ensuite les différentes étapes du parcours formidablement méritant de madame le Garde des Sceaux issue de l’immigration.
Puisqu'on en cause... mais non, aucune question explicite sur les CV falsifiés, sur les pressions sur l'Express, sur son cabinet.
Pas de questions surtout pour savoir si cette démarche éditoriale s’imposait vraiment, si elle n’avait pas mieux à faire, si son action et le déploiement de ses compétences ne pouvaient s’autosuffire. Non, pour une fois, on ne parle que du fond.
Et puis, à la fin, « juste une question » (Galzi s’excuse presque de ce petit hors sujet) sur les nombreuses réactions que provoque la réforme. Ce à quoi, Rachida Dati réplique : « il y a deux façons de réformer : ne rien faire et réformer, moi j’ai choisi de réformer » (hum).
Et de conclure sur sa candidature aux municipales (là, on raccroche au parcours, on est en plein dans la continuité, tout va bien).
En cinq minutes, tout a été emballé comme si l’on avait affaire à la comédienne d’un film coproduit par la chaîne… Exactement le même traitement, 5 minutes plus tard, pour Etienne Daho qui sort son nouvel album, ce qui donnera lieu en décembre à un grand show sur France télévision (France 4 ou...France 2).

07/11/2007

Week-end de rêve à 2,5 à la Baule



Et si la terre n'était qu'un petit astré-risque signalant un renvoi qui aurait échappé à notre attention ?

Stanislaw Jerzy Lec

dans Nouvelles pensées échevelées

Croisés au Croisic



Photos: Cal

31/10/2007

bébé à l'italienne

Une très récente campagne italienne, soutenue par le gouvernement régional de Toscane, a publié cette affiche dans différents journaux. Le Vatican et autres conservateurs ont aussitôt crié au scandale ( la famille est sacrée et les bébés rois).

Ce qui m'interroge est le lien entre la photo et ce titre : l'homosexualité n'est pas un choix (constat, au demeurant, avec lequel je suis plutôt d'accord, je n'ai pas plus choisi d'être gay que d'avoir les yeux verts). Cette affiche ouvre cependant la voie à une interprétation génétique et peut nourrir la prise de position (malheureusement encore commune) qui considère l'homosexualité comme une maladie, une tare de naissance. Oui, c'est cette ambiguïté qui me gêne...

Morceau d'anthologie syndicale

Incroyable, consternant voire scandaleux sur les bords... mais aussi très très drôle : voici le tract distribué par une syndicaliste à l'entrée de ma boîte hier matin. Cliquez pour aggrandir, vous ne le regretterez pas.
Pour la petite histoire : effectivement, les bouteilles individuelles de vin de table (type La Villageoise) ont été retirées des bacs de boisson de la cantine de l'entreprise (ainsi que semble-t-il la possibilité d'en commander de plus grande).

Une démarche qui m'apparaît cependant assez logique si l'on conjugue : le profil des salariés, l'évolution des comportements (3/4 cadres, une moyenne d'âge de 28 ans et une consommation qui, en la matière et particulièrement en deça de 45 ans, s'équilibre sur de l'occasionnel moyen/haut de gamme) et une gestion bien comprise de ses ressources de la part d'un nouveau Chef (vous saurez tout) qui depuis quelques semaines et moyennant d'autres ajustements, nous propose une cuisine bien plus variée sur la base de produits de bien meilleure qualité (et quand on n'a pas de dej "en ville", ça change la vie !).

Pour la grande histoire : voici un bon petit analyseur du décalage des syndicats et de ce qui contribue à aggrandir le gap. Sur le fond comme sur la forme. En termes de combat et de représentativité.

Dans cette (grosse) boîte, le taux de syndicalisation est ridicule et pourtant, les conditions de travail posent de sérieux problèmes.

Leur culture a beau m'être très étrangère et leurs rapprochements m'apparaître ineptes, je ne pense pas que les syndicalistes en question soient seuls responsables de cette situation. Je constate la complicité qui existe entre eux, qui s'isolent dans leur pré-carré et les autres qui ralent sans assumer et/ou souffrent dans leur coin. Et au-delà de ça, surtout, l'anachronisme, l'inadéquation, l'inarticulation institutionnelle...

29/10/2007

La mort nous va si bien

Bientôt la Toussaint et comme chaque année, le CREDOC livre les résultats de son sondage pour... la Chambre syndicale nationale de l'art funéraire (Source AFP). Un sondage réalisé auprès d’un échantillon représentatif de personnes âgées de plus de 40 ans (présumées plus proches de l’échéance fatidique j’imagine).
Ça change des cotes de popu des politiques et ça dit des trucs intéressants sur notre société.
Cette année, deux tendances se confirment : fréquentation des cimetières en baisse et crémation en hausse. La crémation qui était déjà depuis quelques années au coude à coude avec l’inhumation mais qui, cette année, la coiffe sur le poteau ! Désormais, 41% des personnes interrogées envisagent de se faire incinérer (+ 2 points par rapport à 2005), pour 39% qui choisissent de se faire enterrer (- 1). 20% n’ont pas d’avis (ou pas envie d’en avoir).
Et de fait, les stats corroborent le déclaratif : l’évolution sur trente ans des crémations en France est impressionnante : + 6 300 % !!! Aujourd’hui près d’un tiers des décès (Source : Enquête INSEE Services 2006).
Quand on repense à ne serait-ce qu’il y a cinquante ans... long défilé des proches dans la demeure du défunt, pendule arrêtée, veillée mortuaire, jour J et tentures noires, corbillard et cercueil porté, cérémonie à l'église, cortège jusqu’au cimetière, glissement de cordes, descente du cercueil, condoléances, collation et repas familial… Et puis chrysanthèmes tous les ans et, lente, très lente décomposition…
Entre temps, l’Eglise a accepté la pratique de la crémation (en 1963) en même temps que son influence à elle a diminué, la société s’est urbanisée, est devenue plus hygiéniste aussi et s'est individualisée, les modèles et des géographies familiales se sont profondément transformées, les rituels privatisés… etc.. etc..
Et tout ça a provoqué un bouleversement complet de notre façon d’envisager le deuil et la mort.
Une révolution.
Allez tiens, sur le sujet et pour un tout ptit peu dédramatiser, je ne résiste pas à vous conseiller…
D’abord, les visites du Père Lachaise par Bertrand Beyern… trop mortelles ! (oui, ok ok, ct’un peu facile).
Et puis aussi le site suivant, grand vainqueur du Web Flash Festival 2007, Grand Prix et prix du meilleur graphisme. Imaginez… vous êtes mort ce matin et voici la suite. En quelque sorte l’épisode de six feet under dont vous êtes le héros…. (faut le son !)
NB : après le feu... la glace : perso, j'attends la cryogénisation...

24/10/2007

Triptyque angevin et duo coréen

(Escapade du we dernier)
Triptyque est la manifestation que la ville d’Angers consacre chaque automne à l’art contemporain.

Comme chez sa grande sœur, la FIAC, qui se déroule souvent au même moment, et comme d’habitude dès lors qu’il s’agit d’art contemporain, on trouve…
... beaucoup de choses qui relèvent bien moins de l’art que de la déco,
... des trouvailles conceptuelles de « faiseurs » qui déclinent leurs « trucs » au risque (rarement évité) de s’épuiser,
... des choses intéressantes mais (trop) visiblement inspirées d’autres qui l’étaient plus encore (intéressantes), quand elles étaient nouvelles et participaient d’infléchir le cours de l’histoire de l’art…
... et puis il y a les DECOUVERTES…
En l’occurrence, le travail de deux coréens, Soo Young KWAK et Chun Hwan KIM, remarqués par la galerie Gana Beaubourg, filiale parisienne de l’une des plus importantes galeries coréennes.

Chez le premier (ici : Strangers, 2006), coexistent le figuratif et l’abstrait, l’impressionnisme et l’expressionnisme, le mouvement et l’immobile, la temporalité et l’espace, le trait et le vide, la dureté et la sérénité…. Mais ces contrastes n’explosent pas ou ne s’annulent pas. On dépasse juste subtilement l’oxymore et je trouve ça très fort.
Les formes surgissent à une distance qu'il faut chercher... quand le regard va au-delà de la complexité de l’atomisation qui brouillent - sur bien des plans - notre modernité. Ce sont des figures qui hantent et travaillent nos sociétés, convoquent la mémoire, la disparition, l’autre…



Quant au second (ici : A la mode, 2005, pas tellement à son avantage je dois dire), c’est bizarre comme il m’évoque tout à la fois Raymond Hains, les vertiges numériques du photographe allemand Andreas Gursky et la musique répétitive de Steve Reich
Comme le nouveau réalisme, il s’agit d’une entreprise de recyclage (papiers, déchets…) mais d’un réel qui se trouve différemment problématique aujourd’hui et s’inscrit au-delà de la société de consommation. Et s’il y a étourdissement, celui-ci reste provisoire car le regard « accroche » au milieu d'une répétition qui ne se perd pas dans l’accumulation mais lâche une trace...



Finalement, l’un comme l’autre m’ont laissé l’impression jouissive d’avoir intégré et digéré la modernité, fait la synthèse de ses dimensions disparates et centripètes, pour, passés la stupeur, le déni, la tentation du refuge dans la passé ou de la cristallisation dans le présent, poursuivre la course de l’humanité vers l’avenir…

J’y connais rien à l’art coréen mais je vais m’y mettre !

Association d'images : C. Sarkozy / F. Fawcett

Cette semaine, je pourrais m'agacer de la Une de Elle avec une Cécilia Sarkozy rajeunie de quinze ans grâce à Photoshop. Pourtant, cette photo de l'ex dame de France à la pause qui évoque vaguement le style seventies, a eu le mérite de me faire penser à une autre femme, une icone des seventies justement : Farrah Fawcett.


L'actrice lutte à nouveau contre le cancer. Les célébrités anglo-saxonnes (citons Melissa Etheridge ou Marianne Faithfull) n'hésitent pas à parler de leur maladie, à dire qu'elles luttent, qu'elles sont des survivors. C'est une méthode pour galvaniser les gens, maintenir un espoir dont on connaît l'importance dans ce type de maladie. Chez nous, cela reste majoritairement de l'ordre du privé. Ca peut gêner, c'est trop m'as-tu vu?
En tout cas, nous saoûler avec le divorce du couple présidentiel, qui fait presque toutes les Unes, ça gêne personne.

J'en ai marre de cette période où les politiques et les médias, main dans la main, nous tirent par le bas.

19/10/2007

Interpréter : Summertime Variations

Classique, Jazz, Blues /Fleming, Fitzgerald, Joplin

Trois façons de sentir Summertime - extrait de Porgy and Bess, opéra en trois actes de Gershwin.





10/10/2007

Spirale inflationniste

Pour faire suite à l’histoire de la médiatisation du sondage sur l’école…
Voilà, décidément, un bon exemple de la façon dont fonctionne la machine médiatique.
Au départ : de la pure malhonnêteté intellectuelle de la part des journalistes du Figaro servant la soupe au gouvernement avec une interprétation on ne peut plus biaisée d’un sondage (gros titre sur la demande d’autorité alors qu'on peut tourner les résultats dans tous les sens : ils ne disent pas ça).
A présent (oui Fresco) de la flemme et de la paresse de leurs collègues… de iTélé, M6, RTL, Europe1, RMC, NRJ etc… (pour ce que j’ai pu relever) qui se contentent de reprendre mots pour mots ce que titrent les premiers sans aller voir eux-mêmes de quoi il retourne.
Tous les journalistes ne sont pas des vendus et des flemmards. J’en connais (très) bien de (très) bons. Mais la plupart me semblent hélas avoir abdiqué le rôle pourtant essentiel qu’ils devraient exercer en démocratie.
Ce qui m’inquiète c’est que pour un truc comme ça que je remarque parce que (on l’aura compris) ça touche une technique que je côtoie d'assez près… combien m’échappent ?

09/10/2007

Contact

Pour changer des coups de gueule (ça part un peu dans tous les sens, c’est le principe…)

Junior a maintenant un peu plus de 11 semaines « intra muros ».
Pour l’instant, je vis sa présence comme une incroyable oxymore. Un rêve éveillé d’abord mais aussi une intime étrangeté, une puissante fragilité, des mouvements immobiles…
Un truc « d’un autre monde » comme dit Cal.

Hier, nous avons eu notre première séance d’haptonomie.
Hatpo comme haptein, contact, sens. Nomie, comme nomos, règle, loi.
En gros, quelques principes de base pour déjà communiquer ensemble (c’est important) avec lui ou elle.
Après une recherche très rigoureuse de Cal, nous sommes tombées sur une psy de notre quartier, les kinés font ça aussi.
On avait entendu dire qu’il fallait s’y prendre très tôt. Pour être affûtées quand Junior va (très bientôt) se mettre à bouger.
Ça a duré une heure environ.
Quelques « signaux » Dolto.
Des manipulations et positions, je dirais… assez inhabituelles.
Des expressions un ptit peu gênantes prononcées très doucement avec une étrange complicité : « Entrez en contact » = posez votre main sur son ventre, « Là, vous accueillez » = maintenant que vous avez vos mains sous ses fesses, laissez-la se relaxer….
Mais bon, c’était bien. Et ça a eut le mérite de « remettre les choses à leur place » (au sens propre) : on pensait Junior… plus de 5 cm de là où il se trouve réellement (mes adbos ont fait/feront ma fierté… mais pour l’instant, faut lâcher l’affaire paraît).
Donc on l'a localisé.
Et puis passés les premiers instants « inhabituels », c’était effectivement relaxant pour tout le monde.
Et la nana n’a rien de la Gourou paramédicale.
Donc on continue.

Chevènement et le sabotage des candidatures PS, Guaino et le scandale de Dakar...

Petit échange avec S. (redescendu de son chameau) sur BHL que nous avons tous les deux entendu sur Inter ce matin.
Même si notre sympathie pour le bonhomme est toute relative, ce fut un plaisir partagé de l’entendre dézinguer tour à tour Henri Guaino, le conseiller très spécial de Sarkozy, et JP Chevènement et les qualifier (« traiter » serait supposer que c’est abusif, or même si ce n'est pas un compliment, force est de constater que…) de « maurrassiens ».
Du premier, il a rappelé qu’il était raciste, auteur (entre autres) de l’ignoble discours prononcé par Sarkozy à Dakar, le 26 juillet dernier.
Quant au second, il aurait été, selon BHL, rien moins que l’acteur principal du sabotage de la candidature Royal en lui faisant prendre des positions d’« extrême-droite de gauche ».

Bon, sur ce dernier point n’est-ce pas un peu exagérer l’influence de Chevènement ? A moins que ce ne soit Royal qu’il l’ait exagérée ? A moins que BHL ne sous-estime sa tendance réactionnaire à elle ? Et puis Chevènement, un saboteur ? Lui-même y croit dur comme fer à ces trucs réacs...
A propos et puisque BHL l’a évoqué ce matin... Je n’ai, pour ma part, jamais pensé que Chevènement ou Taubira ou Mamère étaient responsable de l'échec de Jospin en 2002. Pour moi, en 2002, Jospin a perdu tout seul comme un grand. Que les autres aient été là était une première manifestation de son échec, une conséquence (déjà avant le vote proprement dit) pas une cause.
Game is over de toutes façons.

Pour Guaino, sinon. Et le scandaleux discours de Dakar (que vous trouverez ICI).
Un truc qu’étonnamment BHL n’a pas remarqué : une des thèses développées selon laquelle l’Afrique n’est pas entrée dans l’histoire mais encore sous le règne du « naturel » gnagnagnana…. Est carrément directement pompée de La Raison dans l’histoire de Hegel qui, avait quand même pour excuse de vivre à cheval sur le 18et le 19ème siècle, pas au 21ème siècle !
Le plus drôle : c’est un intellectuel africain (et oui, ça existe, Monsieur Guaino !) qui l’a remarqué le premier.
Et franchement, l’article qu’Achille Mbembe consacre au discours de Sarko/Guaino est un petit bijou que je vous conseille !

Presse de VENDUS !

Ca fait la deuxième fois. Sur le même sujet. J'en avais déjà parlé ici.
Il y a trois semaines Le Parisien titrait "Vive l'autorité !" pour présenter un sondage TNS Sofres dont les conclusions n'étaient ABSOLUEMENT pas celles-ci.
Re-belote aujourd'hui dans Le Figaro : "Les Français veulent plus de discipline à l'école" augmenté une page plus loin (des fois qu'on n'aurait pas bien compris) de "Ecole : les Français veulent plus d'autorité".
Autres gros titres pour présenter un autre sondage de TNS Sofres qui, lui aussi, fait le point sur l'école...
Effectivement, le respect de la discipline par les élèves n'apparait pas satisfaisante, à niveau quasi-égal avec la préparation à l'insertion dans le monde du travail d'ailleurs. En revanche, satisfectif très important sur la qualité de l'enseignement, la mixité sociale, l'utilisation des nouvelles technologies... Jugements plus mitigés sur la sécurité à l'école, le nombre d'élèves par classe, le soutien aux élèves en difficulté (il eut d'ailleurs été intéressant, pour un journaliste, d'aller fouiller les résultats et chercher qui répondait quoi : en termes socio-professionnels, géographiques, niveaux d'études etc..).
Voilà pour le CONSTAT.
Parmi les ATTENTES et par ordre décroissant... L'accueil d'au moins un élève handicapé dans chaque classe, la mise en place dans tous les établissements d'un système d'étude encadré jusqu'à 18h30, l'obligation pour les élèves de se lever quand le professeur entre dans la classe (ce serait ça la demande d'autorité ??), l'interdiction d'introduire un téléphone portable dans l'enceinte des établissements, l'obligation d'un service minimum des professeurs etc.. etc…
La liste est hétérogène j'en conviens, mais nulle part, on ne retrouve l’idée sous-jacente du titre.
Je vous invite à aller voir ces sondages et ceux du même institut sur le même thème. A chaque fois, les Français en général, les parents ou les élèves (tout dépend de l'échantillon), CONSTATENT des problèmes d'autorité, ENTRE AUTRES. Mais ce qu'ils ATTENDENT, ce sont des MOYENS : moins d'élèves par classe, plus de profs (tiens, tiens), etc... car ce sont ces moyens qui sont perçus comme pouvant enrayer les problèmes d'autorité.
Y en a marre de ces journalistes vendus qui servent la soupe à Sarkozy !
Au lieu de professionnalisme et de déontologie, ils participent à véhiculer des idées fausses, renvoyer aux Français une représentation tronquée d'eux-mêmes et construire une Opinion publique factice.
Et en attendant, on ne s'occupe pas des vrais problèmes...

08/10/2007

"Rendez-vous" vs "choc" des civilisations

Je me souviens encore du cours de sciences politiques où j’ai découvert Samuel Huntington et son Choc des civilisations. Ça date d’une petite dizaine d’années. A l’époque, cette grille de lecture des relations internationales ne faisait pas le poids, jugée simpliste, manichéenne voire scandaleuse….
Pour Huntington, deux grandes civilisations devaient à terme s’opposer : l’Islam et l’Occident.
A l’époque, ç’était pas crédible.
Mais… depuis... il y a eu Oussama Ben Laden, 09/11, l’Irak et surtout, surtout, Georges Bush dont l’intelligence est aussi étroite que ses intérêts vastes et qui a fait de cette théorie simplette, la colonne vertébrale de sa politique.
Un bel exemple d’instrumentalisation opportuniste mais aussi d’ineptie devenue auto-créatrice dès lors qu’un large public s’est mis à y croire.
Hélas.
Comme si « le monde musulman » ne faisait qu’un. Comme si cette religion bloquait définitivement tous ses croyants et leurs pays dans l’obscurantisme, l’ignorance, le totalitarisme et l’intégrisme… alors que nous (nous-nous, la France, l’Europe mais aussi les USA de G. Bush… tous également dans le même paquet) nous sommes, c’est bien connu, un monde également homogène, de démocraties éclairées tellement modernes et tellement attentives aux droits de l’homme…
Voilà pourquoi, j'ai aimé le bouquin d’Emmanuel Todd et Youssef Courbage. Bon antidote à ces conneries. Dans Le rendez-vous des civilisations, Todd et Courbage s’appuient sur une analyse approfondie d’importantes données démographiques (taux de fécondité, alphabétisation, exo/endogamie etc. etc.) pour montrer que, non, le Maghreb n’a rien à voir avec le Golfe ou le Pakistan et l’Afghanistan avec la Turquie ou même l’Iran.
Que dans tous ces pays, des bouleversements ont lieu, inégalement avancés, que nous avons également connus "en Occident" (plus ou moins récemment) et qui sont à la fois le signe et le levier d'une mutation en profondeur des structures familiales, des rapports d'autorité, des références idéologiques. Que, loin de se déchirer les civilisations humaines sont en train de converger. Et sans perdre de leur originalité pour autant.
De l’intelligence. Et de l’espoir en plus.

05/10/2007

le trouble du genre

article en français à consulter très bien fait.

04/10/2007

Dépénalisation du droit des affaires : les chiens aboient devant EADS mais la caravane de Sarko passe tranquillement...

Aujourd’hui, Rachida Dati a "installé" un groupe de travail sur la dépénalisation du droit des affaires.

Nicolas Sarkozy l’avait dit à l’université d’été du MEDEF fin août : « La pénalisation de notre droit des affaires est une grave erreur, je veux y mettre un terme ». Et oui, il faut « rendre aux Français le goût du risque » et « le goût d'entreprendre » mais « comment y parvenir si au risque financier s'ajoute systématiquement le risque pénal ? Si la moindre erreur de gestion peut vous conduire en prison ? ».

Donc aussitôt dit, aussitôt fait…

Même si sur tous les autres fronts, ce gouvernement se prononce pour le durcissement des lois.

Même si Sarkozy avait promis, pendant sa campagne, de se battre contre « les patrons voyous » et que, comme le rappelait en août Emmanuelle Perreux, la présidente du Syndicat de la Magistrature, la pénalisation du droit des affaires ne vise « rien d'autre que des fraudes à la loi, lorsqu'un chef d'entreprise agit contre les intérêts de sa société ».

Même si, de l’avis général, la pénalisation du droit des affaires est extrêmement faible dans notre pays.

Même si les possibilités de manip’ vont croissantes avec la mondialisation financière.

Même si ces manip’ sont considérées comme des menaces importantes pour le système capitaliste lui-même.

Même si la plupart des pays, y compris les States, se dirigent donc, à l’inverse vers un renforcement des garde-fous en la matière, encouragés par les scandales récurrents.
Dont Enron n’est pas le dernier.
Non, parce que le dernier, il fait la Une de tous les journaux français aujourd’hui même : c’est celui d’EADS...

La semaine dernière, on a pondu une loi pour trois pit-bulls enragés… Et aujourd’hui ?
Rien que dalle. Dati installe son groupe de travail pénarde.
Sûr qu'il sera pour elle le prochain smack de Parisot !

03/10/2007

Discrimination légale et homophobie d'Etat

Junior est bien là. En pleine forme lors de la première écho 3D ("séquence émotion" ;-). Quant aux hormones et aux nausées, ça va mieux (un peu), merci Albi.

Mais c'est vrai que maintenant, va falloir veiller à ce que les nerfs ne prennent pas le relais... Aborder les choses avec une certaine philosophie, au besoin une pointe d'ironie et surtout la ferme conviction qu'on participe à les faire avancer...

Sur la table du salon trône depuis lundi la déclaration de grossesse à remplir. Volet rouge pour la Sécu, bleu pour la CAF.
On se renseigne un peu partout : faut-il barrer "Monsieur" ? Y-a-t-il un risque que le dossier soit invalidé ? Est-il préférable de laisser "Monsieur" et décliner l'identité de Cal en dessous ? Quand même, pas cool...

Tout ça ne fait que commencer...

Vous le savez probablement, Cal n'aura théoriquement et officiellement aucun droit sur Junior. Pour l'instant, qu'elle l'ait désiré aussi ardemment que moi, qu'il bénéficie de son patrimoine culturel, social, économique... dans une France dont les dirigeants en sont encore à envisager la famille sous l'angle du strict patrimoine génétique (à moins que ça ne soit réservé qu'aux étrangers ?!!! quelle honte ce truc), ça ne compte pas.

La semaine prochaine, nous rencontrons une avocate spécialiste du droit de la famille pour voir tout ce que nous pouvons mettre en place pour border la place de Cal (son rôle elle le connaît). Faire qu'il dépende un tout petit peu moins du seul bon vouloir de gens qui ne veulent pas toujours que du bon.
Beaucoup de trucs existent sans grande validité mais qui, un jour, peuvent tout de même faire pencher la balance (conseil de famille, lettres de médecins etc...), des détournements, contournements possibles, vides juridiques à exploiter... Il nous faudra probablement choisir ce que nous estimons acceptable ou non de faire. Pour nous, pour Junior.

Tiens, par exemple, pour être sûres que sur son état civil, Junior porte le nom de Cal, on pourrait le coller en deuxième prénom, juste avant mon nom à moi... un truc comme un autre, mais qu'on ne fera pas.

Revenons à la déclaration de grossesse... Des amies passées par là nous confirme que pour la CAF, aucun problème, le dossier sera validé et Cal enregistrée. Evidemment, ça leur permet de calculer nos prestations à la baisse. Ne pas me considérer comme un mère célibataire et ne pas se baser sur mes seuls revenus.
En revanche, pour la feuille rouge, la Sécu, faut pas y compter... des fois que Cal voudrait bénéficier du congé paternité !
Deux poids, deux mesures. Des devoirs mais pas encore de droits...

Réflexion matinale

Nous sommes au petit-déjeuner. La radio crache en fond sonore. C'est le 7h-10H sur France Inter, et Nicolas Demorand reçoit Nicolas Hulot qui réapparaît pour parler du Grenelle environnement. Lez et moi écoutons d'une oreille et tout à coup, on entend l'ultime motivation du baroudeur naturaliste : "pour l'avenir de nos enfants".

Et Lez dans une spontanéité désarmante me lance :
"C'est pas de l'avenir de leurs enfants qu'il faut leur parler mais de leur santé à eux. Ca fait vingt ans que nous, leurs enfants, on porte seuls le poids du ralentissement de la croissance et c'est pas ça qui les stresse. Alors les enfants de leurs enfants..."

CQFD...